Je me permets de l'immortaliser ici, tous les week-ends qui suivront ceci. Parce son talent restera et ces enfants sur lesquels vous crachez alors qu'ils tentent de changer leur monde sont immunisés face à vos consultations, ils sont très avisés sur ce qu'ils traversent.
Vous êtes un extra-terrestre, un collègue donc, passionné par les côtés théâtraux de la vie humaine, vous êtes préoccupés mentalement par une multiplication de personnalités, et êtes assez habile à bien vous vendre vous-mêmes, que reste-t-il dans la recette David Bowie ? La science-fiction.
En 1953, David a 6 ans. Il écoute à la télévision la BBC qui diffuse The Quatermass Xperiment, une émission pionnière de science-fiction, qui deviendra un certain phénomène dans la comté de Lambeth, aux frontières de Brixton et Stockwell, an Angleterre. John & Peggy Jones choisissent que ce n'est pas une émission pour leur jeune fils, que le grand frère Terry, né d'une union précédente de Peggy, pourra en revanche, écouter. Si David a 6 ans, sont frère en a 17. David descend de sa chambre et se cache derrière le divan afin d'écouter l'émission quand même. Avec la complicité des parents qui feignent une oeil aveugle, ou non. L'émission fascinera David intensément. On lui offrait une vitrine sur un monde qu'il ne connaissait pas et qui le fascinerait toujours. "Le tube" (la télévision) lui rappelle alors que le monde ne se compose pas seulement des 4 murs de sa maison de la rue Stansfield Road pas plus que des murs de son école Stockwell Infants Schools. Et à la maison, on est moins heureux qu'ailleurs. À l'école, il est considéré comme très créatif, mais aussi défiant des conventions. Aussi trouble que surprenant. Comme le programme télé promettait: De l'autre côté de l'air, il y a un tout autre monde par là-bas. La popularité de l'émission a aussi été remarqué par le petit David. L'imagination publique avait été charmée par un croisement d'extra-terrestre et de sexe.Enregistré mentalement pour plus tard...
Au même moment que l'émission gagne en succès, la famille Jones déménage à Bromley, lieu de naissance de l'auteur de science-fiction, H.G.Wells. Celui qu'on appelait "L'Homme qui inventa demain". Mais cette banlieue était tout ce qu'il y avait de plus étranger aux idées progressistes de H.G.Wells. La ville est aussi sombre que Brixton. Plaisante mais ennuyante aussi. Grise. La tension dans la famille est de plus en plus constante et la mère de David montre des signes de problèmes mentaux importants. John est en amour avec Peggy, mais semble avoir abandonné l'idée de nourri cet amour avec vaillance. En revanche, il a une tonne d'amour pour son jeune fils qu'il amène voir du théâtre qui a parfois la chance d'être amené derrière la scène pour y voir ce qui grouille. Les costumiers, les acteurs/actrices, les décors, les éclairages, la scène, tout ça inspire beaucoup le jeune enfant.
David a besoin de savoir qui il est, mais aussi, qui il a le droit d'être. Et les artistes peuvent être n'importe qui. Il devient fasciné par les transformations. Peggy le surprend se déguiser très souvent à la maison, se costumer, se maquiller. C'était un forme de magie pour lui. Sa mère en restait outrée. Les garçons ne portent pas de maquillage, disait-elle.
Deux sons étaient constants sur la rue Plaistow Grove: Les babillements du pub qui se trouvait à la fenêtre de chambre de David et les sifflets d'une station de train, peu loin.
Enregistré mentalement pour plus tard...
De nos jours, la banlieue est presqu'un constat d'échec. Un choix de se placer en marge, un symbole de banalité et de conformité, un bol d'ennui. Mais dans les années 50, en Angleterre, une maison en banlieue est le sommet de la réussite. Les hommes d'alors ont traversé et été acteurs dans deux Grandes Guerres, ils ne demandent que la paix et la tranquillité d'esprit. Ils se considèrent principalement heureux d'être en vie. Avec la fin de la Seconde Grande Guerre et une certaine relance économique, il y avait espoir d'avenir simple et heureux. Mais le manque d'originalité est criant. Si vous pensez "hors de la boite" ne le faites pas trop marginalement. Ce qui est un non sens. Peggy en est une farouche conservatrice aigrie par on ne sait trop quoi. La banlieue inspirera l'envie de se libérer de quelque chose, de se rebeller, de s'extirper du banal. Si David doit se réaliser, il devient évident que ce ne sera pas au coeur de Bromley. Quand il revisite les lieux dans les années 90, il devient ému et dit que c'est un miracle, qu'il aurait du devenir comptable.Littéralement et métaphoriquement, c'est par la musique que David s'évade. Chez les Jones, la musique est constante. Son grand frère l'initie à tout, et la chanson Inchworm, de Danny Kaye. Mélancolique méditation sur la nature vascillante du bonheur. On y entend une chorale d'enfants derrière Kaye, encore vierge des défis adultes. La chanson deviendra la trame sonore spirituelle de David. Kaye donne uen voix à ce sentiment qu'il sent à l'intérieur et n'arrive pas à verbaliser. David dira que cette chanson EST sont enfance. Que l'artiste qui la chantait semblait affecté par quelque chose. Et que lui-même se sentait habité par ce même type de blessures intérieures. Adolescent, quand il commence à jouer de la musique, Inchworm serait la première chanson qu'il tente de jouer. Nombreuses de ses chansons en son inspirées. Life on Mars, Aladin Sane, Ashes to Ashes, Thursday's Child en ont des échos. Mais si Inchorm est l'agonie de la solitude de l'enfance, une autre chanson deviendra vite l'extasie. Son père, travaillant pour un orphelinat, se fait donner par un soldat des États-Unis une série de 35 tours dont l'un saisit David tout de suite dès son ouverture."Wop bop a loo bop a lop boom boom" ?
Électrifiant pour le jeune enfant. Tutti Frutti colore la vie grise de David. John Jones continuera de recevoir des disques au travail, et sera le fournisseur du petit David qui en redemande. Chuck Berry, Jerry Lee Lewis, The Everly Brothers, Eddie Cochrane, Fats Domino, Gene Vincent et bien entendu Elvis Presley, avec lequel il partage le même jour d'anniversaire.En voyant Little Richard feindre de mourir sur scène pour un meilleur effet dramatique, David enregistre encore mentalement, pour plus tard.
Il est facile d'identifier la future rock star sur la photo scolaire de 1962. David Jones est très blond, en plein milieu dans un photo noire et blanc qu'il colore pratiquement de sa personne. Un non conformiste dans un portrait relativement conformiste. David joue de charisme, entre James Dean et Marlène Dietrich, il se la joue cool, il est près pour son close-up.Ses amis d'école, quand il a 15 ans, diront de lui qu'il était cool, de ceux que tout le monde remarquait. Qui aimait parler à tous et même aux plus jeunes. Qui s'amusait de tout. Qui faisait rire autant qu'il était bon public. Il jazzait l'uniforme scolaire de petites créations de sa part. Changeait ses souliers, roulait ses manches, roulait ses bas de pantalons. Hors des classes, on le voyait déambuler les rues avec des bottes de suède rares et toujours en avance sur la mode. Déjà précurseur.
Il était rarement vu sans son meilleur ami George Underwood. Avec lequel il se part un band, George & The Dragons. Sans le choisir, David est ses amis profitent d'un changement politique important. Il n'est plus obligatoire de faire son service militaire, jeune adulte., en Angleterre. Et dans le parcours scolaire, deux branches se dessinent clairement, la branche ouvrière et celle des arts. Laquelle selon vous attire George et David ?Pour n'en nommer que quelques uns, Lennon & McCartney, Pete Townshend, Ray Davies, Keith Richards, Eric Clapton, Jimmy Page et Syd Barrett en seront aussi issus. Owen Frampton, un designer graphique, devient pour David un important allié. Le fils d'Owen, un bon guitariste, Peter, est aussi un ami et un collègue. David se sent valorisé par Owen Frampton qui encourage leur band.Pour la glauque Angleterre, l'Amérique du Nord représente l'exotisme et l'el dorado. Le graal à conquérir. Les Swinging Sixties qui approchent en seront inspirées. Adolescent, il se fait couper les cheveux afin de copier les cheveux de JFK. George et lui adoptent des accents des États-Unis afin d'approcher les filles. David devient même passionné de football des États-Unis. David aimait les États-Unis pour ce qu'ils étaient mais aussi pour tout ce qu'ils rejetaient. Les Beatnicks, les noirs, la musique des noirs. David est subversif. James Dean est une idole pour lui et son frère. Ce dernier l'initie à la beat generation et Jack Kerouac. L'intéresse au bouddhisme et à la méditation. Par Terry, David recoit le type d'éducation qu'il n'a pas à l'école. Il l'introduit au monde extérieur. Et intérieur. Il lui fait lire On The Road de Kerouac. David définit ce moment comme épiphanique. Si on arrivait pas à sortir de la grisaille de Bromley, On The Road était une option d'évasion.
Terry, 25 ans, est amateur de free-jazz et amène son petit frère dans les clubs le découvrir aussi. 45 minutes de train pour s'y rendre. David veut devenir musicien parce que ça lui parait rebelle. Après la guitare (à peine quelques accords) et le ukulélé, David lorgne vers le saxophone que le jazz lui inspire. John lui achète un chic modèle italien. David a maintenant besoin d'un instructeur. Il trouve Ronnie Ross, un héros local qui a joué pour Woody Herman. Roos ne donne pas de cours, mais David s'impose et Roos le reçoit les samedis matins pendant 2 mois. Roos lui apprend que la musique n'est pas lire des notes mais avoir une vision en tête et la mettre en musique. Tous les samedis, Jones les travaille dans les magasins de disques. Il y écoute Parker ou Mingus. Tout ce qui est nouveau de James Brown ou Jackie Wilson, peu connus en Angleterre. Il y travaille, mais pas longtemps. Trop intérressé par le contenu et non les ventes aux clients. Il y rencontrera sa première amoureuse. Elle a 4 ans de plus que lui. Il a des envies sexuelles depuis ses 10 ans. Il dira à Cameron Crowe, en 1976, probablement afin de choquer, que sa première relation sexuelle, il l'avait eue à 14 ans. Et avec un garçon.Carole Goldsmith est amoureuse de George Underwood et veut le rencontrer. Ils se donnent rendez-vous. David, jaloux, dit à George qu'elle a changé d'avis, que c'est Jones qu'elle préfère et qu'elle a annulé le rendez-vous. George est déçu. Goldsmtih, frustrée qu'il ne se pointe jamais. Quand Underwood apprend la supercherie, il plante son poing dans un oeil de David qui lui, en perdra sa couleur. Underwood en sera catastrophé. David aussi. Jusqu'à ce qu'il réalise qu'il devient unique avec ce regard. Ils feront la paix. George est chanteur pour les Konrads. David le supplie de jouer avec eux. George convainc les autres de l'accepter au saxophone. Mais David insiste pour faire quelques numéros au chant.
David se donne maintenant sur scène mais David Jones, il n'aime pas. Il est un temps Dave J, puis Alexis J. Inspiré par un héros de l'Alamo, Jim Bowie, celui qui donnera son nom au couteau, il pense s'attribuer le nom, mais ne le fait pas encore.
Ce nom appartiendra à un autre.Celui qui valorisera l'étrange, le différent. Qui sera si important pour la communauté LGBTQ+. Qui pointera le "you" sur nous, les gens qui ne se considèrent pas platement normaux. Celui qui donnera de la valeur à l'audace, l'exploration et la réinvention. Celui qui élèvera le spectacle en concert et le vidéo à la performance artistique. Celui qui marchera sur la frontière de la folie avec la drogue et sa diète de piment, cocaïne et pintes de lait. Celui qui vivrait assez publiquement un divorce, serait accessoire dans le chute du mur de Berlin, anticiperait le potentiel de l'internet avant de mettre en scène sa propre mort, très artistiquement et de manière hantée.
Celui qui m'a un jour fait réaliser que, you know what ? Do whatever you fucking want, man.
C'est là qu'il a changé ma vie.
Wham Bam, Thank you Mam.
je ne m'explique pas ce qui se trouve plus bas, j'abandonne à essayer de trouver, ce n'est nulle part dans mes créations, ni même dans mes aperçus, je ne peux donc rien effacer, n'y arrive pas...tant pis.
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