dimanche 29 janvier 2023

Haddon Hall & Les États-Unis

David Bowie reçoit sa toute première lettre d'un(e) fan des États-Unis. Ça lui arrive comme une surprise. Sa carrière est en à peine florissante. Son second album vient d'être lancé et en Angleterre, pratiquement personne n'a remarqué son existence. Alors les États-Unis ? New Mexico? Bowie a l'impression que sa bouteille à la mer a été lue. Il est si impressionné qu'il s'assoit tout de suite au bureau de Ken Pitt et répond à Sandra, 14 ans:

"Cher Sandra, 

Il y a quelques minutes je recevais ma toute première lettre de fans américaine. Et c'était de toi. J'étais si heureux que je devais répondre tout de suite. J'attendais des réactions de gens d'Amérique. Mais elles m'arrivaient  uniquement par des critiques professionnels qui ne reflétaient aucunement le public. Pour répondre à tes questions, mon vrai nom est David Jones. Mon anniversaire est le 8 janvier, et je pense mesurer 5 pieds 10. Il existe un fan club, ici, en Angleterre, mais si tout va bien, il y en aura aussi un, aux États-Unis. Il est encore un peu tôt pour y penser. J'espère me rendre en Amérique un jour. Mon gérant m'en parles beaucoup car il y a été souvent. Merci d'être si gentille et de m'avoir écrit. Et svp réécris-moi afin de m'en dire plus sur toi. 

Sincèrement vôtre, David Bowie. "

Bowie sera prêt bientôt pour les États-Unis. Mais ceux-ci seront-ils prêts pour lui ?

À l'été 1969, Bowie avait besoin d'un nouveau logis. Ça ne fonctionne plus avec Mary Finnegan, Angie propose un ménage à trois et Mary n'est pas d'accord. Angie cherche agressivement, fait tout agressivement, et trouve. Elvis Presley, jumeau cosmique de Bowie avait Graceland, Bowie aurait Haddon Hall. 

L'imposant manoir de plus de 30 chambres avait perdu de son luxe depuis qu'il était converti en appartements de banlieue, mais la vibe funky y était restée. Ça ressemblait à une maison hantée et pour tout dire, on croit y avoir senti la présence du fantôme d'une jeune femme, certaines nuits.  On ne paie que 7 livres par semaine, on a un air gothique dans l'oeil. Certains appellent l'endroit, la maison de campagne de Dracula. Haddon Hall est l'espace parfait pour Angie & David pour vivre ce qui s'en vient. On décore avec ce que les marchés aux puces jettent. On récupère ici et là. Mais les parents à Angie aident un peu. Et le jeune couple ajoute ses propres touches personnelles. Ils peinturent les murs et les plafonds de différentes teintes de vert, de rose et d'argent. David fait un collage de femmes nues dans la salle de bain. Quand les royautés de Space Oddity commencent à entrer, on fréquente les antiquaires on se magasine des lampes art-déco et un lit gigantesque de plus de 7 pieds. 

David se construit un espace de travail. Il convertit un espace sous les escaliers de l'immense entrée, un ancien cellier à vin, en studio de pratique et d'enregistrement. Là, il travaillera ses chansons des prochaines années. Souvent avec l'aide de son ami Tony Visconti, qui aime tant les lieux qu'il se prend aussi un appartement. Haddon Hall devient le centre de gravité pour David et son entourage. Lui servant de maison, de bureau et d'incubateur artistique privé. C'était ici qu'il allait créer de la musique. Que les journalistes seraient reçus, que les costumes seraient travaillés, que tout serait pensé. 

David était surexcité par les lieux, mais pas par les ventes de son premier album. Autour de 5000 copies, en Angleterre. Encore moins en Amérique. On aimait Space Oddity, mais on trouvait que le reste manquait de focus. David voulait au moins un succès critique, mais même ça, lui échappait. Mais ceci était aussi en raison des erreurs de gérance de son équipe. Bowie organise à l'automne une performance privée pour journalistes, gens de l'industrie et amis. Il se donne en spectacle, donne tout ce qu'il a, pour ensuite réaliser que Calvin Mark Lee a oublié d'inviter tous les journalistes. Bowie est si furieux qu'il le cancelle de son entourage. Mais le dommage est fait. Major Tom est égaré dans l'espace pour vrai. Il est désespéré.

Angie se démène pour lui. Entre l'aide artistique et la gérante, elle agace le vrai gérant, Ken Pitt. Et vice-versa. Ken la voit comme une opportuniste étouffée par son ego, suçant le talent de son client, et déséquilibrant ses stratégies à lui pour le promouvoir. Angie voit Ken, pour reprendre ses mots, comme un lourd albatros mort dont les techniques de vieux ringard n'avantageait aucunement son amoureux avant-gardiste. Les deux avaient raison. Et tort. Le degré d'influence d'Angie sur Bowie a été exagéré au travers des années, souvent par elle-même. Mais son rôle comme organisatrice et débroussailleuse est irréfutable. À plusieurs égards, elle hérite du rôle de conseiller artistique qu'avait le père de David, John, récemment décédé. David lui fait extrêmement confiance. Maintenant, Angie, cette Étatsunienne à la grande gueule, sans formation de gérance, lui trouvait des clubs où performer, et elle conseillait agressivement dans la présentation du Bowie. Elle l'encourageait à renverser les genres et les rôles traditionnels. Elle se gardait les cheveux très courts et portait le pantalon au sens propre et figuré et David portait le cheveux long et des robes. Techniquement des longs manteaux. Elle choisit du linge pour David qui pige souvent dans sa garde-robe. Elle est souvent susceptible d'exploser de rage. Vivre avec elle, dira David plus tard, était comme vivre avec un lance-flamme. On pouvait facilement s'y brûler. 

C'était l'idée d'Angie de poser une ligne téléphonique à Haddon Hall pour les affaires commerciales de David. Mais la ligne est trop souvent occupée par la mère de David qui est devenue excessivement exigeante depuis la mort de son mari. Sa relation avec Peg ne s'améliore pas. Ses constantes accusations que le couple, non marié, vivait dans le péché. commençaient à peser lourd pour Angie qui prendra un mois de vacances avec ses parents, dans le temps des fêtes, 1969. David lui écrira une étonnante promesse de mariage, lui qui ne croit pas à l'amour traditionnel et souhaite une union très libre. Il avait averti Angie dès le début de leur relation, qu'il ne serait pas le genre à lui dire je t'aime ou encore à respecter la monogamie. Angie était d'accord. Elle n'était pas étrangère aux déviations de la normalité. Angie comprendra , adéquatement je pense, qu'avec David, c'était davantage un arrangement d'affaires qu'un amour. Les problèmes d'immigration jouaient aussi un grand rôle dans l'idée de se marier. Angie avait besoin d'être mariée si elle voulait rester en Angleterre et non déportée et David voulait aussi être marié à une Étatsunienne comme clé pour l'Amérique. 

Ils se marient au bureau de l'état civil de Bromley et pour David, ce n'est qu'une technicalité. Angie s'achète une robe des années 20 la veille et est, en revanche, surexcitée. Au lieu de s'échanger des bagues, ils s'échangent des bracelets péruviens. Ils se sont fait un cérémonieux ménage-à-trois la veille, et fêtent si tard, qu'ils manquent presque leur rendez-vous marital en arrivant en retard. Ils sont surpris d'y trouver Peg, la mère de David, qui n'avait pas été avisée du mariage. Ken Pitt, n'est pas invité. Il n'y a que quelques amis. On dit que cette nuit là, on a fait un ménage...à 5!

Dans les jours qui suivront, David présentera son épouse en disant qu'elle lui trouve des Femmes et lui, lui trouve des hommes. 

La mort de son père, le déménagement à Haddon Hall, le promotion de Space Oddity, David n'a pas le temps de trop travailler sa musique. Une des rares chansons composées l'est pendant qu'Angie est en vacances avec ses parents. Une chanson pour elle: The Prettiest Star. Enregistrée le 8 janvier 1970, pour les 23 ans de David, le single fera patate avec autour de 800 ventes. Mais Bowie vient de lancer un premier morceau dans une décennie qu'il apprendra à dominer.   

Le 2 février 1970, David Bowie et son band, The Hype, ouvrent la porte du glam rock. À cette époque, on est sur scène, mais on est aucunement différents des gens dans la salle. On est en Jeans, en complet, en chemise, comme un spectateur. Mais sur scène avec des instruments. David veut autre chose. Il choisit de se présenter déguisé en Rainbow Man. Tony Visconti est déguisé en super-héros. Un gangster dans un costume en or et un cowboy complètent le band. Tous des costumes signés Angie Bowie. Le spectacle est une tentative de donner un coup de pied dans une ruche d'abeilles endormies. Ils ne sont pas les premiers à apporter une touche de théatralité dans leur présentation. Johnny Kid & The Pirates ou Paul Revere & The Raiders l'avaient fait avant eux. Screaming Lord Sutch ouvrait chacun de ses spectacles en sortant d'un tombeau et jouait sur scène avec des squelettes et des épées et du macabre. Arthur Brown ouvrait ses spectacles avec son morceau Fire...le feu sur sa tête. 

Little Richard a aussi introduit l'androgynie. Tout le monde voit clairement son mascara et ses maquillages. Les Rolling Stones viennent de lancer un single où ils apparaissent tous habillés en Femmes. Mais Hype ne dure pas. Le public lui est hostile. On les traite d'homosexuels. Mais dans la foule, un des spectateur prends des notes. Marc Bolan. Quand il se présente maquillé quelques mois plus tard, rivalisant avec les Beatles qui se désintègre, avec un style qui fait sensation, Bolan devient le visage du Glam rock. Bowie grince des dents. 

Mais les shows de Hype présentent aussi une première. Un guitariste du nom de Mick Ronson. 

Mick a une formation de pianiste, de violon, de musique classique avant de devenir guitariste, tombé fasciné par Jeff Beck. Il est originaire de Hull et avait tenté sa chance comme guitariste à Londres. Il était revenu à Hull un peu découragé et pensant sa carrière de guitariste, terminée. Il y travaille alors pour la ville. John Cambridge est le batteur de Hype. Bowie lui demande de recruter un guitariste. C'est Cambridge qui se rend à Hull et trouve Ronson en train de peinturer des lignes sur un terrain de rugby. Ronson auditionne pour Bowie dans une nuit où Bowie est enchanté. En Ronno, Bowie a trouvé son frère d'arme. Il va électrifier ses envies. Très vite, Ronson emménage à Haddon Hall. Visconti, Ronson & Bowie bricoleront ensemble dans l'ancien cellier à vin devenu studio sous le grand escalier de l'immense entrée. Au grand dam des appartements voisins. Inspiré par les sons de Led Zeppelin, hyper populaires alors, Ronson et Visconti (surtout) fabriquent des sons ensemble.  

Le petit buzz qu'avait créé
Space Oddity s'était éteint. The Prettiest Star qui avait suivi avait été une ratée. Bowie n'était pas dans la meilleure des humeurs. Mick Woodmansey se joint au trio, à la batterie et Woody aussi, emménage à Haddon Hall. Tout le monde est sans le sou. Cet album doit marcher. Pour la première fois, Bowie, quelques fois, n'y croit plus. Visconti doit aller le chercher dans le corridor pour le ramener en studio. Avec Bowie mentalement indisposé, Ronno & Tony jouent un rôle plus grand que prévu dans la concoction de l'album. Les chansons seront donc plus lourdes que Bowie les auraient écrites. Plus Black Sabbath ou Clapton/Cream que Beatles. She Shook Me Cold emprunte beaucoup à Beck. Que Ronson adule. Bowie imite même son "ami" Bolan dans la flexion de la voix. Ronson et Visconti supplient Bowie de mettre des mots sur leur musique par moments. Visconti s'en irrite. Habile, Bowie s'entend avec eux que c'est son nom qui vend, c'est son nom qui sera crédité comme auteur partout. Il s'entend avec eux, mais pour Visconti, ça ne passe pas si bien. Sa proscratination agace. La maison de disque leur donne un budget très limité et Bowie écrit encore des paroles le dernier jour de mixage. Des paroles sombres. Bowie ne gardera pas un bon souvenir de la fabrication de cet album. Visconti encore moins. David flirte avec le satanisme d'Alistair Crowley, chante un massacre du Vietnam, chante Nietzsche. Sa meilleure chanson de l'album est inspirée de l'effondrement mental de son demi-frère, Terry. Avant la fin de l'année, Terry se porte volontaire dans un asile. Bowie n'a pas de joie à vendre pour cet album. 

Comme Terry est volontaire, il est donc libre de sortir quand ça lui chante et de revenir à son gré. Il visite souvent David et Angie à Haddon Hall et ça plonge David dans le plus sombre des états d'âme quand Terry quitte. Il est à la fois soulagé et déprimé. Terry répond si bien aux traitements de chocs qu'il arrête de prendre sa médication. Ce qui a des effets terribles sur Terry, qui hallucine souvent. David se sent coupable de ne pas pouvoir aider plus. Est-ce que ça pourrait lui arriver de perdre la tête aussi ? Ils avaient la même mère. 

La chanson titre parle de ne jamais perdre le contrôle. Bowie a peur de perdre la tête. Il commande une peinture à un ami pour la pochette qui le surprendra grandement. On y voit un cowboy avec une arme à la main et derrière, lui, rien de moins que l'asile même où séjourne Terry. Son ami dessine ce même asile, sans savoir que Terry s'y trouve. Pour les États-Unis, on changera cette pochette pour une photo de Bowie, en "robe", étendu sur un fauteuil de le grande entrée de Haddon Hall, un jeu de cartes qu'il dilapide d'une main pendant que l'autre joue dans ses longs cheveux. Presque une peinture pré-Raphaëilite

Lorsqu'il arrivera aux États-Unis, on le voit en robe à son arrivée et on le questionnera pendant plus de 45 minutes. Ne trouvant rien de criminel en lui, on le laisse partir, mais on méprise celui qu'on appelle homosexuel-anglais-venu-corrompre-les-jeunes-des-États-Unis. Les travestis, c'est fait pour en rire. Celui-là veut être pris au sérieux. 

The Man Who Sold The World ne vendra pas. Ken Pitt disparait. Angie ne verse pas une larme. Ken était habitué de faire comme il avait toujours fait. Bowie ne voulait rien faire comme les autres. C'est une agence privée qui gère la séparation avec Pitt. De manière brutale. Tony DeFries est un bandit de la négociation. Dans le milieu de la tournée de Diamond Dogs, beaucoup plus tard, Bowie enverra une note à Pitt disant "Come and see what has become your boy!". Bowie ne l'oubliera jamais. 

Sans gérant, c'est vers le taureau Tony DeFries que David se tourne. Seulement trois ans plus vieux que David, Tony le convainc qu'il peut devenir la plus grande star de la planète. Angie dira de lui que c'est un homme aux méthodes de voleur et de gangster. Mais pour réussir dans ce métier, comme le gérant de Led Zeppelin, ça prend un monstre qui fait peur. À court terme, tous les paris de DeFries seraient payant. Mais sur le long terme, il sera catastrophe pour l'état mental de David. Bowie devait d'abord se rendre, en Amérique.

Le but du voyage aux États-Unis est de mousser les ventes de son album qui n'a vendu que 1000 copies de plus récemment. Mercury Music veut qu'on jase de lui. Mais un visa de travail manquant, Bowie est interdit de performance aux États-Unis. Il est donc limité à des entrevues et à des cocktails. Dès sa première nuit aux États-Unis, on présente à Bowie...une bombe fabriquée maison. L'Anglais est aussi impressionné que terrifié. Mercury lui trouve une chambre dans un hôtel à Time Square. Bowie est fasciné. Filthy but fun. Dans une chanson du Velvet Underground.

Ça inspire Bowie d'aller voir The Velvet Underground en personne, en spectacle. Il est très impressionné par ce qu'il entend et après le show, se rend derrière afin de dire au chanteur à quel point il a aimé, comment leur musique le touche, et souligne qu'il a couvert I'm Waiting For the Man. Il pense avoir parlé à Lou Reed, mais on lui dit que Reed a quitté le band depuis plusieurs mois. Et qu'il a parlé à Doug Yule, son remplaçant. "Peu importe" dira Bowie "C'était formidable". Peut-être pouvait-il lui aussi incarner quelqu'un d'autre sur scène.

À enregistrer mentalement pour plus tard.

Bowie fera le touriste, achetant des longs jeux rares (en Angleterre) de jazz. Il s'amuse même avec Moondog, un personnage connu des rues de New York. Bowie, en manteau de fourrure, à ses côtés est un spectacle en soi. Une femme demande à Bowie en quoi est fait son manteau de fourrure, il répond "en poil d'ourson en peluche". 

De passage au Texas, on pointe un fusil vers lui et on le traite d'homosexuel. À Chicago, il se présente donc plus traditionnel, mais la robe est de retour à Los Angeles. Celui qui l'accueille est celui qui reçoit généralement les stars Anglaises. Elton John, Rod Stewart, Cat Stevens. Maintenant Bowie. En le voyant, il pense à une star de cinéma et non à un chanteur. Quand il marche dans le rues, les gens se collent à Bowie, ne savent pas qui il est, mais il est si anormal, c'est une star, c'est certain.  Des notes sont prises. Il y a attrait concluant. On lui fait rencontrer les gens importants. De l'industrie mais aussi Elton, Marlon Brando, Gene Vincent. Avec Vincent, Bowie lui joue deux morceaux récents: Hang on to Yourself et Moonage Daydream

Il fait beaucoup d'entrevues à la radio. Il impressionne autant qu'il fait peur de par son look. L'homme se maquille! Classique Hollywood, tu peux re réinventer à ta guise, tu peux être qui tu veux, faire croire ce que tu veux. Il parle de plus en plus d'un alter ego venu de la planète Mars. Personne n'était certain de ce qu'il jasait, mais ça sonnait cool. Far out. C'était 1971. 

Pour Rolling Stones il fait une entrevue où il raconte que la musique ne doit pas être toujours prise au sérieux, qu'elle doit être transformée en prostituée, en parodie d'elle-même. Qu'elle devrait être le clown du cirque. La musique étant le masque que le message porte. La musique est le feu, et moi le pyromane. Il travaille un Frankenstein venu de Mars. 

De retour en Angleterre, le 13 mai 1971, Angie et lui deviennent parents d'un garçon qu'ils baptisent Duncan Zowie Haywood Jones. L'accouchement est si dur physiquement pour Angie qu'elle part en Italie pour récupérer. Avec le recul, elle se demandera si ce n'était pas là, qu'entre elle et David, ça s'était brisé pour de bon. Un "abandon" de la nouvelle vie de famille, fatal. Bowie ne démentira jamais ni ne confirmera. La désintégration se fera toute seule, pernicieuse conclura-t-il dans le futur. On se relaie pour garder à la maison, entre voisins. David travaille et compose plus que jamais. S'accompagnant à la guitare et au piano. Sa vie de papa, l'Amérique, il est rechargé à bloc.  

Au printemps 1971, il se transforme en auteur-compositeur-interprète en travaillant sans relâche. Il ne cessera jamais de s'appliquer, à partir de maintenant, conscient qu'il s'était aliéné Visconti bêtement. 

Il est si inspiré qu'un matin, il se lève avec un air en tête, "Wake up, you sleepy head, put on some clothes, get out of bed. ". Wells, Crowley, Orwell, Asimov. La science-fiction l'attire toujours. Mais la vie n'est plus sombre. Il pense encore à Ken Pitt qui lui avait parlé de Claude François. L'avait mendaté pour en faire une version anglaise qui avait été rejetée par l'équipe de François. S'en inspire pour un formidable effort. Un plaidoyer pour l'évasion. Mais Bowie est beaucoup plus optimiste. Plus heureux. Le titre de l'album le traduit bien: Hunky Dory

Pour remplacer Visconti à la basse, on engage Trevor Boulder. Ken Scott, qui avait produit les albums de Bowie précédemment sans être impressionné, sera encore producteur, mais cette fois, impressionné. Commencé en juin, à Londres, on enregistre Lady Stardust, Moonage Daydream et Star, mais on ne les garde pas pour l'album. On voulait un album plus pianoté. Rick Wakeman, pas encore membre de Yes, sera le pianiste invité. Wakeman jouera tout l'album sur le même piano où McCartney à enregistré Hey Jude. Ronson est le non officiel directeur musical, faisant les arrangements de la plupart des morceaux. Bowie pousse Ronno à sortir des réflexes traditionnels blues.

Pour la première fois, Bowie joue pour lui et non pour un public qui l'attends. Personne ne l'attends jamais de toute manière. Une première version de la pochette montre Bowie en tenue égyptienne. Voulant capitaliser sur une exposition internationale très populaire d'alors. Mais Bowie change finalement pour un androgyne David, à la fois Bacall & Bogart, mais surtout Marlene Dietrich dont il s'inspire pour la pose de la version finale. 

DeFries convainc Bowie qu'il pourrait demander plus d'argent ailleurs qu'avec l'étiquette Mercury qui ne le considère pas assez important. Mercury offre une légère augmentation mais DeFries, agressif, leur dit que Bowie n'enregistrera plus jamais rien pour eux. RCA, l'étiquette d'Elvis les approche. Baveux, DeFries leur dit qu'ils ont eu les années 50, mais ont manqué toutes les années 60, ils ont la chance, avec son client, de dominer les années 70. David fait ses premiers shows depuis longtemps. L'album sort tard en 1971. 

Dans un festival, poussé à 5 heures du matin en raison des retards, il joue une douzaine de chansons, dont toutes celles, prêtes, à venir sur Hunky Dory. Malgré cette heure tardive et ce public épuisé/intoxiqué, il les voit vraiment embarquer dans sa musique. Il sent le direction des vagues changer.  

Il n'est pas Anthony Newley, ni Lou Reed, ni Bolan. 

Bowie ch-ch-ch-change

Et les changements ne font que commencer. 


Je suis assez amèrement triste de vous dire que ce qui se trouve plus bas n'est nulle part dans mes affaires pour que je puisse l'annuler. C'est une coquille éternelle de Blogger qui agira comme un oeil dépareillé de l'autre, je ne peux pas effacer, je ne trouve pas où !





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