Jungle Rock Digital

L'été 1995, David est en tournée mondiale ne jouant baveusement que des morceaux d'un album qui n'est pas encore sorti. 1.Outside ne sort  qu'à l'automne. En première partie, il s'adjoint les services du band de Trent Reznor, Nine Inch Nails, qu'il écoute depuis deux trois ans avec grand intérêt déjà. David se garde très ouvert aux sons du jour. Tricky, Massive Attack, Sonic Youth, Pixies, Portishead, The Prodigy, NIN. C'est de plus une grande leçon d'humilité, il doit convaincre le public chaque soir qui se déplace pour voir Nine Inch Nails, mais quitte quand arrive Bowie. Trent Reznor est largement intimidé par Bowie et ne tient pas à le rencontrer. Il a trop honte d'être aux prises avec les démons de la drogue. Il se trouve qu'il a écouté Low durant toute la conception de The Downward Spiral, tous les matins. Bowie, en revanche, écoute son album à lui depuis sa sortie, sans relâche. 

Il a envie de drum'n bass. Avec toujours cette envie d'avant-gardisme, il a envie de tremper dans la technologie. Il est de plus intéressé par l'informatique et reste fasciné par l'internet dont il prédit la grande domination future. Créateur des tendances dans les années 70, 25 ans plus tard. il a maintenant tendance à les suivre. En faisant le tournée avec Reznor, des sons de Reznor (la batterie ici) lui seront empruntés.  

Il s'adjoint les service du whizkid de l'informatique Mark Plati, magicien technique des studios Looking Glass. Le tout premier morceau que David tricote avec Reeves Gabrels et Plati est Telling Lies. Où Plati, enregistre tout pour en faire de meilleurs collages plus tard tel un peintre jouant avec ses couleurs, ce qui ne déplait pas du tout à David. Il collera des notes ici et là. De temps à autres. Émulant The Prodigy, Bowie, Gabrels et Plati signent un morceau qui sera le premier single. Et sur lequel, Plati séquence Ann Gail Dorsey qui ne sait pas qu'on l'enregistre, et qui ne fait que jongler quelques notes sur sa basse qu'elle ajuste (3:09). Inspiré par l'horreur de l'écrasement de l'avion Indonésien 865 dont Gabrels est presque témoin. David lui demande de jouer de la guitare sur un morceau comme si elle était cet avion, en péril. Il croise jungle rock et influences de jazz avec un titre presque volé à Roxy Music en 1972. Émulant parfois Underworld, il pousse Plati vers plus de technologie. Il ne se gêne pas pour critiquer les États-Unis et invite Reznor à jouer le désaxé Étatsunien du clip. Ce morceau-là, c'est avec Eno qu'il l'avait commencé. Garson reste au piano, Zack Alford, à la batterie. 

Bowie collabore avec Gail Ann Dorsey, en solo, Goldie et Angelo Badalamenti. 

Un mois avant la sortie de l'album, Bowie fête ses 50 ans. Avec un spectacle au Madison Square Garden entre "amis". Pourtant, Outre Lou Reed et Mike Garson, il n'y a personne qui soit du passé. Pas de Eno, de Jagger ou d'Alomar. Billy Corgan des Smashing Pumpkins, Frank Black des Pixies, Robert Smith des Cure, les Foo Fighters, Sonic Youth qui l'avait pourtant traité de "old fart".  David veut une perche vers le futur. Maintenant. Les ventes seront raisonnables mais aucunement flamboyantes.  

Il tourne dans un western, et fait 83 spectacles pour mousser Earthling lancé la veille de mes 25 ans. Je travailles maintenant au paradis dans un magasin de musique, livres et films (mort le 19 mai dernier) et cet album ne m'impressionne pas tant. Il suit la parade selon moi au lieu de jouer d'audace. Steve McQueen signe sa tenue sur la pochette. Bowie a beau vivre en Suisse, il veille sur les plaines de son Angleterre natale. Telling Lies est lancé en ligne sur son site Bowie.net, site qu'il travaille avec Robert Goodale et Ron Roy.

D'ici un an, en raison de ce site, Bowie, sans être le meilleur vendeur de disque, ni le meilleur vendeur en tournée, sera l'artiste le plus fortuné en l'espace de 12 mois dans le monde de la musique. 

Bowie et Iman se reposent dans les Bermudes. Contre l'avis de Gabrels, Bowie a envie de revenir à ses racines plus rock. Style Hunky Dory amélioré. Gabrels n'est pas convaincu. Bowie s'associe au jeu video Quantic Dream et leur fournit des morceaux. La révolution digitale est totale. Le nouvel album sera vendu de son site internet. Le premier single sera un hommage à une femme désirée dans sa jeunesse, un fantasme, dont le titre de la biographie est le titre de sa chanson. Un de mes morceaux préférés de l'album sera choisi par le réalisateur Christopher Nolan pour clôturer son film Memento. 

Bowie veut un équilibre rock/ballade comme il avait cet équilibre pop/ballade sur Hunky Dory. 27 ans plus tôt. Un autre single sera aussi une balade. Chris Haskett, du Henry Rollins band, fait une présence remarquée sur un morceau. David Fincher avait encore choisi Bowie pour son film Seven. David (& Reeves) signent la chanson titre. David se fait marketing guru en lançant un concours créatif sur son site de suggestion artistique que Bowie choisira lui-même, et qui deviendra une partie de What's Really Happening ? Le jeune Alex Grant sera l'heureux gagnant. À la batterie, Mike Lévesque s'inspire de Grandfunk Railroad pour un morceau qui était originalement prévu pour un album solo de Gabrels. On produit encore des effluves des mondes torturés de Diamond Dogs ou 1.Outside. On encore quelques parfums japonais, en interlude. La chanson qui clôture cet album devait être le titre de l'album. Mais Bowie change d'idées voulant marquer le passage du temps en images et en son.   

Il a un rôle dans un film de Andrew Goth. 5 morceaux ne seront quand même pas retenu pour Hours... lancé à l'automne. J'avoue alors ne pas être pleinement attentif à ce qu'il offre, puisque rien de lui ne se distingue autant qu'autour de ce qu'il faisait en 1971 ou 1976, mais surtout parce que je suis papa pour la première fois depuis seulement 2 mois. Et assurément très occupé ailleurs mentalement. Je n'ai pas encore de musique sur un téléphone et l'idée me semble même assez absurde. (Alors). Je ne sais pas encore comme envoyer un texto et je commence tout juste à faire du blogue sans savoir ce qu'est un blogue. J'écris de longs textes, de temps à autres, afin de garder le moteur de l'écriture actif. Afin de garder ma tête saine. J'écris même sur du papier. Pour télécharger nos musiques, on se connecte à internet qui bloque alors notre ligne téléphonique et on va se télécharger des Mp3 sur ce net. 

Bowie collabore avec Placebo, Frank Black et Dave Grohl, Rustic Overtones. Avec Massive Attack pour un morceau offert au film Moulin Rouge et reprend un morceau de The Who. 

Entre juin et octobre 2000, Bowie, avec Plati, enregistre 14 morceaux qui devraient être l'album Toy. Mais qui restera un album fantôme qu'on ne lancera jamais. Enfin, en pièces détachées, un peu, et tard sur le net. Mais pas au début des années 2000. Le talent de Lisa Germano était de cet album. Le trompettiste Cuong Vu aussi. Virgin ne croit pas en l'album et repousse sa sortie prévue en mars 2001, indéfiniment. Insultant. Bowie créé sa propre étiquette de disques, Iso Records. Columbia distribuera maintenant tout son catalogue et Bowie a le contrôle entier de ses oeuvres. Bowie y reprenait beaucoup de ses morceaux de tiroirs des années passées. 

Bowie en a plus derrière que devant musicalement.   

Le 15 août 2000, David et Iman concrétisent le fruit de leur amour quand Iman accouche d'Alexandria Zahra Jones. Une belle petite princesse. Ce que veut dire Zahra en langue arabe. 

Le couple s'achète un appartement à Sidney, en Australie, là où naissent les choses selon Bowie, et se font construire sur l'Ile de Mustique, que Mick Jagger lui avait fait découvrir en le recevant, lui et son son fils, en 1986, à Noël. Ils auront un appartement de luxe à New York aussi.

Ils ont leurs refuges. Ils ont deux fortunes pour aider leurs enfants et se faire plaisir aussi. Ils sont si près du bonheur que c'est dur d'imaginer ce qui s'en vient. 

Et qui restera secret jusqu'à la fin.