La tournée The Diamond Dogs Tour (que Tony DeFries insiste qu'on appelle The Year of the Diamond Dogs, sans succès) prends deux mois de pratique au printemps avant de se lancer à Montréal, en juin.
Micheal Kamen est au piano électrique, au synthétiseur Moog, au hautbois et est directeur musical. Earl Slick fait son apparition à la guitare. Mike Garson est de retour au piano et au mellotron. David Sanborn est au saxophone alto et à la flûte. Richard Grando est aussi à la flûte et au saxophone baryton. Herbie Flowers est à la base. Tony Newman, à la batterie. Pablo Rosario, aux percussions. Gui Andrisano & Warren Peace sont danseurs et aux voix.
Mark Ravitz est le concepteur scénique et l'écho de la mégalomanie de Bowie. Il fera plus tard les mises en scènes des spectacles de Kiss, de Whitney Houston et des Backstreet Boys, mais aussi sera l'homme derrière The Glass Spider Tour, en 1987, pour David. Il fait construire un décor qui sera Hunger City. Ça pèse pas moins de 6 tonnes et exige plus de 20 000 parties amovibles, incluant une variétés d'accessoires comme des lampadaires de rues, des chaises, des passerelles. Ces accessoires ne sont prêts que 6 jours avant le spectacle Montréalais. Il y aura fréquents bris techniques. Une passerelle s'effondrera avec Bowie dessus. À chaque fois qu'il termine Space Oddity, dans une sorte de bulle, au dessus de la foule, il y reste coincé pour y faire encore quelques morceaux. Le décor est inspiré de ce que fait l'artiste allemand George Grosz. Mais quand il fait Big Brother dans une sorte d'isoloir aux murs de miroirs ou quand il chante Time au creux d'une main géante, l'effet est fort intéressant. Le décor coûte 275 000$ par spectacle, l'équivalent de 1 million 510 milles $ de nos jours. Au début, on veut faire 5 soirs de spectacles par ville, mais ça en demande trop à chaque citoyen, la demande n'est pas la même partout. On laisse vite tomber. Bowie est extrêmement sous l'effet de la drogue, de l'alcool, souvent les deux, toutes cette première partie de tournée. À Tampa, en Floride, un conducteur conduisant le camion contenant la majeure partie du décor, fait un sérieux accident quand le chauffeur se fait piquer par une abeille, au volant. Ce soir-là, on jouera sans décor.En juillet 1974, DeFries veut faire enregistrer un album en spectacle, tout juste en dehors de la ville de Philadelphie. Les musiciens réclament alors 5000$ chacun en plus de leur paie habituelle pour ce spectacle immortalisé sur disque. Un double album en naitra.
On prends le mois d'août "de congé". Mais au contraire, on crée en août.
Il y avait déjà ombre de funk avec 1984 et de soul, avec Sweet Thing et Rock'n Roll With Me sur Diamond Dogs. Il avait écrit Taking It Right pour Lulu, mais jamais elle n'enregistre le morceau. Enregistrant avec Garson et Visconti, il fait la rencontre en studio, à New York, du guitariste Carlos Alomar. Bowie reste impressionné qu'Alomar eût joué et chanté avec James Brown dans son band. Avec Wilson Pickett et Chuck Berry aussi, parmi les musiciens du Apollo Theater. Sa guitare funk est admirée de tous. Les 15 prochaines années garderont Alomar tout près de Bowie. Après avoir supervisé ce qui deviendra David Live, Bowie et son équipe s'installent au Sigma Sound Studios de Philadephie où des réguliers jeunes fans les attendent dehors. Ava Cherry, qui partage le lit de Bowie, lui fournit tout plein de disques d'artistes à la peau noire pour qu'il se mette mentalement dans l'esprit du "Philly sound". Bowie veut engager MFSB (pour Mother Father Sister Brother) un groupe d'une trentaine de musiciens de sessions, en résidence au Sigma Studios. Mais seul le percutionniste Larry Washington est disponible en août. Sanborn et Garson sont gardés de la tournée. Slick est remplacé par Alomar. Pablo Rosario reste aussi aux percussions. Andy Newark, ex-batteur de Sly & The Family Stone est engagé. Willie Weekes, des Isley Brothers, est à la basse. Quand Visconti, un bassiste, apprend que Weekes est en studio, il accourt quand Bowie lui demande de l'aider. Weekes était son idole, plus jeune. Ava Cherry, la femme d'Alomar, Robyn Clark, et Luther Vandross sont aussi engagés comme choristes. Plutôt bien cocaïné, Bowie travaille vite et beaucoup. Sa voix en est affectée et lui donne quelque chose d'assez rapeux qui fait plus "noir" pour ce maigre limey blanc. After Today, Who Can I Be Now ? It's Gonna Be Me, un nouvel enregistrement de John, I'm Only Dancing, Lazer, Shilling the Rubes, une version de It's Hard To Be a Saint in the City de Bruce Springsteen et des premières versions de Young Americans y sont enregistrés. Les fans dehors, appelés les Sigma Kids, sont invités à l'intérieur afin d'entendre le nouveau matériel et dire ce qu'ils en pensent. Échanger avec le band. L'album en cours s'appelle tour à tour: Dancin', Somebody Up There Likes Me, One Damned Song, The Gouster (le nom des sessions), Shilling The Rubes et Fascination. Les Sigma Kids sont fascinés par ce qu'ils entendent.En septembre, on reprend la tournée mais tout a changé. Bowie parle d'avoir créé le plastic soul. Pas complètement soul car selon lui seuls les humains à la peau noire peuvent vraiment faire du soul, donc une version forcément plastique du soul de sa part. Doug Rauch remplace Flowers, à la basse. Carlos Alomar se rajoute à l'équipe. Greg Errico est à la batterie, Ava Cherry & Robyn Clark joignent les choeurs. Anthony Hinton, Diane Sumler et Luther Vandross aussi. Bowie demande même à Vandross de faire sa première partie pour préparer au son qu'il compte introduire dans ce qui devient la soul tour. Puis à partir d'octobre, la Soul/Philly Dogs Tour. Avec Emir Kassan à la basse et Dennis Davis à la batterie. Une équipée de seulement 15 maintenant. On est plus modeste. Pour la première fois depuis longtemps ne chante sous aucune identité de personnage.
Fin décembre, la tournée est terminée aux États-Unis et Bowie enregistre Fascination et Win, à New York. Le premier morceau est une reprise de Funky Music (is a part of me) de Luther Vandross. Bowie lui demande si il peut en changer les mots. Vandross est si impressionné qu'il lui dit qu'il peut même en changer la musique si il le souhaite. Le second morceau avait eu plusieurs titres déjà, c'est maintenant Win. Même chose pour Right qui aura plusieurs incarnations On en fait une version finale début janvier. On peaufine et enrichit la chanson titre du prochain album.En septembre 1974, Bowie et John Lennon s'était rencontré dans un party chez Elizabeth Taylor. Joni Mitchell sera inspirée de Bowie ce soir-là, pour un de ces morceaux. Bowie et Lennon s'entendent bien et quand ils se recroisent pendant que Lennon enregistre son album Rock'n Roll dans le même studio, Alomar, Bowie et Lennon font Fame et une reprise de mon morceau préféré de Lennon, Across the Universe, avec Harry Maslin en production, Visconti étant à Londres en remixage.
En janvier 1975, on complète l'album. Bowie veut que Norman Rockwell peigne la couverture, mais ce dernier lui demande 6 mois de préparation et de travail, ce que Bowie/DeFries ne sont pas prêts à attendre. Un documentaire suivant Bowie appelé Cracked Actor est tourné et fin janvier, Nicholas Roeg voit une copie du documentaire. Il a trouvé son Thomas Jerome Newton pour son film The Man Who Fell To Earth, racontant l'histoire d'un extra-terrestre atterri du ciel pour sauver sa famille, là-haut. Le 7 mars, son 9ème album est lancé. Il est invité, une semaine auparavant, à faire une amusante présentation à la soirée de remise des grammys, prix de la musique aux États-Unis. Il se peut qu'il ait pensé la blague lui-même, misant sur le fait qu'il soit perçu si marginal et étrange, presque martien, (c'est un secret) ou quelqu'un lui a écrit.Young Americans sera un très fort succès pour Bowie. Un blanc qui ne fait pas de la musique de noire, dit-on, de la musique de noir et un blanc qui se fondent l'un dans l'autre. Bowie vend beaucoup dans la communauté noire et sera un rare blanc, (le second après Elton John) à passer à Soul Train.
Fame devient son premier #1 aux États-Unis et au Canada. Un morceau retravaillé d'un riff de son guitariste Carlos Alomar. Et avec un Beatle.
La guitare qui me coule dans l'oreille comme une rivière de Right me devient impérissable avec le temps. Toujours meilleure. L'élan de sax et le clavier circulaire de Somebody Up There Likes Me aussi.Slick et Alomar se partagent les tâches à la guitare.
Pour le reste de 1975, Bowie est appelé par l'équipe de Roeg et tourne The Man Who Fell to Earth. Peter O'Toole avait d'abord été anticipé. Bowie sera très cocaïné tout le tournage. Et ne boit que du lait tout en mangeant du piment. Il prend jusqu'à 10 grammes par jour de coke. Bowie est littéralement d'une autre planète sur le tournage, en plus de vivre le métier d'acteur alors qu'il est chanteur. Aliéné, alien.
Comme les jours de tournage sont éternels, Bowie lira beaucoup. Souvent à moitié, mais aura autour de 400 livres en sa compagnie. Excessif.Bowie est pensé pour travailler une trame sonore, ce qu'il commence à faire, mais contractuellement ce sera impossible. John Phillips des Mama's & The Papa's le compositeur japonais Stomu Yamash'ta et Mick Taylor s'occuperont de la trame sonore, au final.
Des problèmes contractuels empêcheront une trame sonore avant 2016, pour les 40 ans de la sortie du film.
Un film culte, en ce qui me concerne. Que j'ai précieusement dans ma Vievliothèque chérie.Bowie gagnera un Saturn Award pour le meilleur acteur pour son rôle d'aliéné terrestre.
Ce qu'il devient...
Bowie passe de New York à Los Angeles pour le tournage. L.A. où la drogue est si facilement accessible. Là bas, il habite chez Glenn Hughes, bassiste de Deep Purple. Il visite Iggy Pop, qui est en cure de désintoxication. Bowie sera le seul à le visiter.
David Bowie, a 28 ans, est squellettique.
Il pèse tout juste une centaine de livres. Il lit beaucoup. Compulsivement. Ne dort presque jamais.
Fame, puts you there where things are hollow.
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