Bien que la naïve Candy Clark (
ou tout simplement afin de le couvrir) ait dit que David eût été extraordinairement professionnel et sous l'effet d'aucune drogue sur le tournage de
The Man Who Fell To Earth, David ne se drogue pas devant elle. Il ne se nourrit que de piments, de lait et de drogue. L'album qui en naîtra SERA un tel effet secondaire de la cocaïne que Bowie lui-même ne se rappellera même pas l'avoir enregistré. Entre les scènes de tournage, ici et là, il entre en studio et enregistre de la musique de transition qui sera un croisement de art rock, funk rock, soul, R & B, space electronics, rock, punk.
Ce sera un parfait album de transition entre
Young Americans et les sons du moment qui l'enivrent maintenant, ceux de
Can,
Kraftwerk ou de
Neu!, 3 groupes allemands.
David sera celui qui accueillera Iggy Pop, qui n'a plus personne autour de lui, à sa sortie de la clinique de désintox. Bowie dira plus tard que la meilleure manière de faire le ménage dans ses amitiés et de perdre tout son entourage est de se droguer. Pop en était une autre preuve. Quand Iggy lui raconte un rêve à lui, probablement inspiré aussi d'
une scène de The Man Who Fell To Earth, où sa copine serait mangée par plusieurs téléviseurs, Bowie compose
TVC15 et fait chanter Iggy dessus. Est-ce qu'Iggy rechute dans la drogue ? Peut-être un peu, Bowie ne l'aide en rien.
La drogue rend David paranoïaque. Il lit beaucoup, sur
la kabbale, sur le sorcellerie, sur Allistair Crowley, sur Hitler, sur l'Allemagne, sur Goebells dont il voudrait peut-être adapter la vie au cinéma et le jouer. Il explore l'Allemagne en tenant compagnie à l'auteur Christopher Isherwood, dont le livre
Goodbye to Berlin (& un peu de Mr. Norris Takes The Train) deviendra
Cabaret, au cinéma. Bowie lit sur la mythologie, Nitezsche, fait des entrevues loufoques où il prétend que Hitler aurait été la première vedette rock n' roll, que l'Angleterre serait mûre pour avoir un bon fasciste, que Bowie lui-même pourrait être ce bon fasciste, le Thin White Duke se dessine tout seul. "
A very nasty character indeed" dira Bowie qui ne comprendra jamais comment il n'est pas mort durant cette période brouillonne. Son assistante depuis 1973,
Coco Schwab le sauve plus d'une fois. Même quand sa carrière effleure la fin quand il salue la foule, dans une décapotable, en Allemagne, et qu'une photo semble suggérer qu'il fait un salut Nazi. Ce seront
les images vidéos qui le sauveront, mais ce ne sont pas tous qui les voient en 1975.
Bowie passe plusieurs jours sans dormir. Ce qui le fait enregistrer et travailler jour et nuit. Il écrit
la pièce titre de son album. Influencé comme un croisement de ce que fait
Kraftwerk ou
Tangerine Dream, il vise volontairement quelque chose de progressivement rock. Presque disco. Occulte. Spirituel. Les stations sont religieuses. La chanson durera plus de 10 minutes, un record alors pour Bowie. Il signe aussi
un morceau qu'il offre à son jumeau cosmique et partenaire d'étiquette de disques, Elvis Presley, mais celui-ci refuse, légèrement indigné. Presley, très conservateur n'aime pas ce que Bowie représente publiquement, et selon Presley, son âge d'or n'est pas derrière.
Durant cette période, Bowie découvre enfin que son gérant Tony DeFries le vole. Il s'en sépare. DeFries ne tolère par la drogue de toute manière. Bowie a généré plus de 100 millions et pourtant il ne touche pratiquement que pour assurer sa subsistance seulement. Ça ne se règlera qu'en 2011...
2011!!! Quand DeFries est forcé de lui verser 9 millions. Mick Jagger et John Lennon avaient tous deux dits de ne pas laisser trop de choses entre les mains du gérant. Mais Bowie entend les conseils après avoir signé pour DeFries. Qui avait un contrat de partage des profits à 50%. Bowie en sera déprimé de ne pas avoir tout lu. Ça le plonge assez facilement dans la drogue pour s'évader de tout ça.
Mais L.A. l'intoxique. Il pense voir des mannequins tomber des toits dans sa fenêtre de chambre d'hôtel. Il s'entoure de toutes sortes d'articles égyptiens, fait du ouija, brûle des chandelles noires, pense que son semen est volé par de sorcières (non, il baise comme un animal et les femmes disparaissent le lendemain). Il pense aussi que les Rolling Stones lui envoient des messages secrets (Angie ? my Angie ?). Et vit avec la peur morbide de Jimmy Page qui s'en rend compte et le torture mentalement en abusant de sa paranoïa.
Il retravaille
un morceau spirituel qu'il a écrit sous l'effet de la cocaïne, sur le tournage de The Man Who Fell To Earth, et enregistre avec Harry Maslin. On sent qu'il veut garder sa tête, mais la perds aussi. Le Maigre Duc Blanc est un aryen sans coeur.
A piece of shit. Bowie se sent comme de la merde, aussi. L'automne 1975 est très fructueux créativement, alors qu'il réunit ses 2 guitaristes, Earl Slick et Carlos Alomar, leur écrit
un morceau où ils se défieront de la guitare, garde Dennis Davis à la batterie et Georges Murray à la basse pour ce morceau et les albums à venir. Des comparses qui seront rès importants pour la suite. Roy Bittan, pianiste du E Street Band de Bruce Springsteen, se joint aussi à eux. Warren Peace prête sa voix aux choeurs assez habilement.
Après avoir rencontré Nina Simone, il lui fait part à quel point
sa musique l'affecte positivement. Il croise Frank Sinatra en studio et les deux rencontres
l'inspirent à reprendre
Wild is The Wind. Personnellement une de mes chansons/performances vocales préférées de Bowie, et le morceau que j'ai encore le plus écouté, l'an dernier se lon mon téléphone. Il dit l'avoir chanté avec Simone en tête. Mais avec Frank dans la voix.
Le 23 janvier, Bowie lance son 10ème album avec comme pochette, une image tirée du tournage du film de Nicholas Roeg. Plusieurs qualifient cet album de seulement 6 chansons de premier véritable chef d'oeuvre de sa part.
Mais à l'origine, il n'est pas tout de suite compris. C'est l'ère du
disco ou du
punk. Alors qu'est-ce que cet essai de 6 morceaux dont un de plus 10 minutes qui ne pourra jamais jouer à la radio ?
Station to Station est un album d'avant-garde qui touche aussi au gospel et au style crooner. Le son clinique de tout ça reste extraordinairement formidable et vieillit encore très très bien. Bowie se rappelle peu, mais les sons restent.
Il doit maintenant régler ses problèmes de gérance, son mariage mort. Il envoie sa demande de divorce à Angie qui la refuse. Quand Coco Schwab, qui ne cesse de jouer l'infirmière avec Bowie depuis 1973, et Angie se chicanent très ouvertement à grands cris, Coco quitte les lieux. David, qui assiste à ça, part à sa rescousse et la cherche partout en ville, inquiet. Angie comprend qui il a choisi. Celle qu'Angie qualifiait de trieuse et d'assassine. Elle vient d'assassiner son couple selon elle.
Nasty character, nasty ogre, c'est ainsi que Davy décrit le Thin White Duke qu'il jouera en mini tournée de 6 mois à partir du 2 février, à Vancouver.
Los Angeles se trouve encore tout juste au sud.
La ville a un très mauvais effet sur lui, Bowie voudra l'exil. Exil financier aussi.
Avec Iggy, il visera la France. Au Château d'Hérouxville. Conseillé par Elton John et Gus Dudgeon.
Bowie se magasine de meilleurs fantômes.
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