dimanche 9 avril 2023

Pop Gomme Baloune

Bowie n'avait pas envie d'une tournée suivant Scary Monsters (& Super Creeps). Ce qui était arrivé à Jonh Lennon l'avait terrorisé. Et il était tout de même sans contrat de disque. Sans gérance. 

En vacances dans le Sud avec son fils, il explore un paquet d'albums de sa jeunesse. Du blues, du soul, du R & B, de la musique joyeuse. Il a envie d'être heureux. Il couche avec beaucoup de femmes différentes. Il a invité des jeunes qui se sont maintenant parti des bands dans son clip de Ashes to Ashes. Ça confirme du même coup qu'il n'est plus jeune lui-même. Il n'a pourtant que 36 ans. Mais dans le monde du rock'n roll, c'est ancestral.

Ami et fan des Monty Python, Eric Idle l'invite à faire un caméo "sexuel" dans YellowBeard

Dans un bar de New York, au Continental, l'ancien membre de la formation Chic, Nile Rodgers et Billy Idol le croisent dans le bar. Même que Billy est si intoxiqué qu'il ne croit pas que cet homme en complet veston est Ziggy Stardust. Et ne peut s'empêcher de vomir. Rodgers et Bowie font connaissance et se trouvent beaucoup de points en commun. Rodgers a fait de miracles il y a deux ans pour Diana Ross, en production, mais est dans un léger creux productif. La campagne anti disco des dernières années ne l'ont aidé en rien. Rodgers allait à l'école avec Vandross, Alomar, Davis. Bien qu'ils ne seront pas du prochain album, voilà une connexion entre Rodgers et Bowie. David écoute le premier album solo de Nile, qu'il vient de lancer, et lui dit que si il lui tricote un album ne serais-ce qu'à moitié aussi bon, il sera le plus heureux des hommes. Les premiers démos de David de Let's Dance, sont même avec Alomar.

David vient de tourner pour Tony Scott The Hunger, avec Catherine Deneuve et Susan Sarandon. Cette dernière et lui sont même un couple au lit quelques temps. Jouer un vampire. Pas tellement étranger à lui. Il tourne aussi pour Nagisa Oshima dans Merry Christmas Mr.Lawrence. Il y joue un personnage capital, prisonnier de guerre au Japon, qui se sent coupable de ne pas s'être assez occupé de son jeune frère handicapé. Ça aussi semble assez prêt de sa propre vie. Son demi-frère ainé Terry est enfermé dans une aile psychiatrique et quand celui-ci tentera de se suicider, David se sentira coupable et ira le visiter un peu. Lui promettant de revenir. Ce qu'il ne fera jamais. 

Rodgers réserve le studio où il a lui-même enregistré de gros hits avec Chic et où Bowie venait d'enregistrer Scary Monsters. Bowie lui apporte les premières maquettes de la chanson titre du prochain album et Ricochet. Rodgers reste dubitatif. Il doit apeller Alomar pour lui demande si c'était le style de Bowie de lui faire entendre du très mauvais afin de tester si il savait le détecter. Alomar lui dit que non. Il vampirisera. Crée, il vampirisera. Très vite, en deux semaines, on tricote Modern Love, Let's Dance, Without You, Ricochet et Shake It. Bowie est très souvent dans le corridor, Rodgers signe beaucoup des accords. Bowie, Amène un guitariste qu'il avait découvert en Suisse, Stevie Ray Vaughan afin qu'il colore certains morceaux. On ajoute deux reprises. une des siennes qui avait été enregistrée en 1976 avec Iggy, une autre de la formation Metro. Vaughan fera co-habiter rock, blues et funk. Rodgers ajoutera beaucoup de funk. 17 jours seulement et l'album est mixé et est prêt à être livré. On ajoute une version plus rock de Cat People (Putting Out Fire). On lance le disque en avril. Avec la chanson titre en premier single et un clip tourné en Australie. On y tournera aussi le clip pour China Girl. Le second single. La jeune femme du clip et David, oui, seront aussi partenaires sexuels. Il a une drive sexuelle importante. 

Quand EMI avait entendu le disque, la maison de disque s'était battue avec d'autres maisons de disques pour signer Bowie. Qui le fera pour 17 millions. L'album sera #1 dès sa sortie en Angleterre, pendant 3 semaines. Et reste parmi les meilleurs vendeurs pendant plus d'un an. En Amérique aussi, 69 semaines dans les meilleurs vendeurs. Le troisième single, Modern Love, me le fait remarquer. Pour vrai cette fois. J'accroche beaucoup sur cette chanson. J'adore même. Encore aujourd'hui, sur ma liste de lecture de jogging de 30 minutes, quand je fais du tapis roulant, cette chanson est en plein milieu pour me faire garder le rythme. Entre Push It et Locked in the Trunk of a Car.  

Cette fois, je remarque davantage ce bleaché chanteur. Bowie. Qui est-il ? Je suis en 5ème année. Je n'ai pas les moyens d'explorer trop. Mais dès l'an prochain, la donne changera complètement pour moi. Mais alors complètement.

Let's Dance rend Bowie très riche. Mais plusieurs lui reprochent d'avoir vendu son âme aux radios. On trouve qu'au lieu de diriger la parade et de montrer le chemin, il ne fait que prendre le train. Aucune audace. Bowie le sait. Il ne voulait pas user d'audace. Il voulait se faire plaisir. Et se remplir les poches après des années à avoir l'impression de se les faire vider. Ça aussi, ça fait du bien. 

Mais ça fait également des dommages collatéraux. Tony Visconti, à qui on avait dit de réserver du temps à la production apprend de Coco Schwab, assistante de Bowie, qu'il n'est pas de l'équipée. Visconti en sera très blessé. Ne travaillera plus avec Bowie avant presque 20 ans. 

Le multi-instrumentiste d'origine turque Erdal Kizilçay fait ses débuts sur cet album. Il sera fréquent collaborateur de David. Afin de capitaliser sur le succès, on part en tournée, The Serious Moonlight Tour. David ne sera que lui-même. Tout le monde en pastel. Et Bowie en red shoes to dance the blues.  Un mois après la sortie de l'album, on commence la première tournée de Bowie depuis 5 ans. Ce sera un triomphe mondial. Stevie Ray Vaughan veut en faire partie et veut même que son band, Double Trouble, fasse la première partie. Mais Ray Vaughan est axé sur la drogue et les excès toxiques et Bowie s'en sort tout juste. Vaughan arrive avec un entourage destructeur. Bowie est ailleurs. Vaughan est littéralement laissé sur le trottoir en train de plaider sa cause. 

Earl Slick est amené à la guitare en urgence, Alomar est directeur musical et guitare rythmique, Carmine Rojas est à la basse, Tony Thompson est à la batterie. Dave Lebolt est aux claviers. Steve Elson, Stan Harrison, Lenny Pickett aux cuivres. Georges et Frank Simms aux choeurs. Du 18 mai au 8 décembre on part de Bruxelles, on fait 5 continents pour finir à Hong Kong.

On avait choisi de tourner, il y a deux ans, avec David Mallet, des clips en noir et blanc, où Visconti y joue de la double basse, Coco Schwab feint de jouer de la guitare de dos, le saxophoniste Andy Hamilton s'y trouve et le batteur de Simple Minds, Mel Gaynor aussi. Le 45 tours de Wild is the Wind avait été relancé en novembre 1981, le clip fait surface davantage en 1983, quand justement Simple Minds commence à prendre son envol. 

En tournée on a récupéré quelques idées de la tournée de Diamond Dogs. On le fera encore plus dans la prochaine grande tournée. Mais on ne joue que Rebel Rebel de cet album.  Il passe au Colisée de Québec le 11 juillet 1983, et est à Montréal, les 12 et le 13. 

Il apparait sur mon calendrier du FM 93 de 1984. Ce calendrier met en photos 12 fois, des artistes sur scène qui sont venus au Colisée de Québec dans l'année. Cette fois, je suis forcé de remarquer Bowie une trentaine de jours. 

Bowie est devenu pop gomme baloune. J'ai 12 ans. Je suis gomme baloune. 

Il tourne une publicité avec Tina Turner pour Pepsi, mais cette publicité sera retirée quand des accusations d'harcèlement sexuel tombent contre Bowie et Pepsi ne tient pas à y être associé. Il ne sera pas trouvé coupable. Mais on sait que David a le pénis agile.

À Blondie, qu'il voulait convaincre de passer la nuit au lit avec lui, il lui avait demandé clairement:

"Do you think I can sleep with you?"

"Can you ?" avait été la réponse amusée et flirteuse de Blondie. 

C'était avant qu'il ne lui expose son pénis, version précoce de la dick pic de nos jours. 

"Je croyais que Bowie faisait passer l'art d'abord" dira Nile Rodgers de cet album "Je pensais faire Scary Monsters 2". Ils seront plusieurs à penser ainsi. Mais David n'est pas fâché d'enfin faire le plein d'argent qu'il sent entrer directement dans ses poches. C'était le premier album de sa carrière où il ne jouait d'aucun instrument. Il expose désormais de plus en plus clairement sa politique d'auteur voulant qu'il soit unique auteur de tous les morceaux (à sa discrétion) qu'il donne son nom et sa réputation en échange. 

Tonight ? Really ?

Tout ça sera de plus en plus clair dans les années à venir.

Dès l'album suivant même. 

Un album terrible, un de ses pires, mais qui étrangement, change ma vie. 

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